La faille des Cévennes

La faille des Cévennes est un faisceau de failles, orienté nord-est sud-ouest, qui s’étend sur plus de 100 km de long, de la vallée du Rhône à celle de l’Hérault. Cette faille majeure, particulièrement visible en photo aérienne et satellite, est marquée sur le terrain par un bourrelet de calcaire intensément plissé, très marqué à Anduze, qui forme des falaises. Cette faille a joué plusieurs fois au cours de l’histoire géologique de la région.

Le granite du Saint-Guiral

À la sortie de Saint-Jean-du-Gard, sur la route de Mialet, un granite très altéré avec des filons d’aplite affleure. Il s’est mis en place il y a 300 Ma suite à l’effondrement de la chaine de montagnes hercynienne. À cette époque, de nombreuses failles sont créées et vraisemblablement la faille des Cévennes date de cette période. Vers 250 Ma, la chaine de montagnes, totalement érodée, forme une vaste pénéplaine. Les schistes et granites à l’affleurement à l’époque sont intensément altérés sous des conditions climatiques tropicales donnant l’arène granitique observée. Ce granite altéré est le socle sur lequel va venir progressivement s’installer la mer. Au Jurassique (200 Ma), la faille des Cévennes sépare un bassin peu profond au niveau des Causses et des Cévennes d’un domaine maritime plus profond au niveau des Garrigues. Du côté Cévennes, se déposent des grès et calcaires visibles dans la vallée de Mialet que nous allons décrire.

Le grès 

Vers 250 Ma, les rivières qui serpentent sur la pénéplaine et les rivages qui se forment déposent des sables et galets qui donneront les grès et conglomérats, premières roches qui recouvrent les terrains anciens de granite et de schiste. Ces grès s’observent après Les Plans, sur le bord de route, sous forme de brèches. Ils sont composés exclusivement de grains arrondis de quartz de quelques millimètres de diamètre.

Le calcaire

Un peu plus loin, on observe des bancs calcaires réguliers épais qui alternent avec des niveaux calcaires plus marneux. Ces calcaires se sont déposés il y a environ 200 millions d’années dans une mer chaude et peu profonde. L’homogénéité de la roche montre qu’elle s’est formée en partie par précipitation chimique à partir du CO2 contenu dans la mer. Plus loin, une série de calcaire très épais renferme la grotte de Trabuc, formée par le dissolution du calcaire à une époque beaucoup plus récente.

La faille des Cévennes

Au restaurant “Les trois barbus”, nous retrouvons le granite altéré traversé par des filons basiques de kersantite, appelés localement ‘fraidonite”. Après le tournant, le paysage se déploie sur les falaises d’Anduze. Alors que le granite affleure, au loin, on observe à la même altitude, les falaises de calcaire d’Anduze. Le socle de granite, originellement sous les calcaires, a donc été remonté au niveau des falaises calcaires par une faille.

Les plis d’Anduze

Au pied des falaises, les bancs intensément plissés et décollés montrent l’importance de la déformation. En face, on observe les falaises qui s’arrêtent brusquement le long de la faille des Cévennes. Il y a 45 Ma, lors de la formation de la chaine de montagne pyrénéo-provençale, la couverture calcaire de la région des Garrigues est plissée (exemple du pli du Pic Saint-Loup), et la déformation vient s’intensifier (plis d’Anduze) et buter sur la faille des Cévennes qui se met alors à jouer en décrochement senestre, décalant les  Cévennes par rapport aux Garrigues de 17 km vers le SW. La faille des Cévennes amortie la déformation en plissement, et du côté Cévennes, les roches sont affectées par des failles qui soulèvent des blocs entiers de plusieurs centaines de mètres. Ainsi, dans les Causses, le calcaire repose à l’horizontale, et n’est pas affecté par des plissements.

Puis, au moment de la formation du golfe du Lion, entre 30 et 20 Ma, la faille surélève les Cévennes tandis que les Garrigues sont abaissées et se retrouvent au niveau de la mer Méditerranée. Lors de la formation des Alpes, il y a 15 Ma, la faille surélève à nouveau les Cévennes qui sont alors soumises à une intense érosion, qui s’accentue lors de la fermeture de la Méditerranée (5,8 Ma) et qui se poursuit de nos jours.

De 100 Ma à l’ère quaternaire…. Plusieurs périodes de soulèvement et d’érosion ont contribué à la formation des paysages actuels.