Photographie Philippe Gaubert

Géomorphologie du mont Lozère, érosion et morphologie glaciaire sur le mont Lozère, il y a 20 000 ans, formation des tourbières et des sources du Tarn

Source du Tarn – géomorphologie dans le granite – glaciations du quaternaire – tourbière

18 km – 1 journée
Dénivelé +/- 435 m

Mas de la Barque

Moyen avec de bonnes chaussures – Niveau scientifique intermédiaire

Ce circuit vers les sources du Tarn traverse le haut plateau du granite du mont Lozère, dont la morphologie résulte de processus d’altération et d’érosion il y a 250 Ma et 20 Ma lors de l’aplanissement de chaines de montagnes et de phénomènes plus récents d’érosion glaciaire à périglaciaire lors des glaciations du quaternaire, il y a 25 000 ans. Le sommet du mont Lozère a été recouvert de glace (icefield) et le cirque glaciaire du Rocher de l’Aigle et les moraines dans la vallée de Pailhères attestent de l’existence d’un ancien glacier de vallée. La morphologie des sources du Tarn et les pierriers proviennent de conditions périglaciaires, dont une végétation adaptée aux climats glaciaires a résisté jusqu’à nos jours dans les tourbières. Vous traversez trois hameaux en granite, le Mas de la Barque, le Mas Camarque et Bellecoste typique des fermes implantés sur le plateau du mont Lozère.  

Le col de l’Aigle

Suivre la piste qui monte vers le pic Cassini. Au col de l’Aigle prenez à droite. Une vue magnifique se déploie sur la vallée de Pailhères, creusée dans le schiste et dont la morphologie résulte de l’existence d’un glacier durant le quaternaire, il y a 25 000 ans. Rejoindre le sentier qui mène au pic Cassini.

Le pic Cassini

Le pic Cassini (1681 m) est le point géodésique choisi pour la réalisation de la carte de Cassini, œuvre majeure de la cartographie du XVIIIe siècle.

Le chaos de granite

Attention ne pas suivre le chemin balisé en jaune, mais prendre à droite, direction nord. Suivre le sentier, traverser la tourbière et monter en face au chaos granitique. Les chaos granitiques résultent de l’altération en profondeur donnant un sable appelé arène granitique. Cette érosion chimique a été très active il y a 250 Ma, puis il y a 20 Ma. Enfin, le sable a été déblayé par une érosion intense lors des glaciations du quaternaire, mettant à jour des boules de granite empilées in situ. Suivre le sentier en arène granitique, suivre la crête, puis récupérer un chemin fléché en jaune.

Vallée des sources du Tarn

Juste en face, la vallée présente une forme d’amphithéâtre orienté vers l’est, résultant d’une formation périglaciaire active lors des glaciations du quaternaire, il y a 25 000 environ. En amont, il existe des pierriers d’où jaillit la source du Tarn, au contact entre l’arène granitique et la tourbière. En aval, le Tarn creuse un sillon dans la tourbière. À l’intersection de deux petits sentiers, suivre celui de gauche qui monte à la Peyre Plantade. Descendre, suivre à gauche et traverser le Tarn.

Les pelouses du mont Lozère

La Peyre Plantade est une pierre plantée dans la zone protégée des pelouses sommitales du mont Lozère composées essentiellement de graminées en touffes, de bruyère, de callunes, de myrtilles et d’airelles. Sur les versants nord, ces landes hébergent une végétation riche en espèces de haute montagne, reliques d’espèces adaptées aux climats glaciaires du quaternaire, après la fonte des glaces, il y a 15 000 ans et qui ont subsisté sous le rude climat lozérien. Le détour à droite permet d’aller à la source en remontant le Tarn.

Source du Tarn et tourbières

Durant le quaternaire, l’eau s’est accumulée dans l’arène granitique argileuse et imperméable des zones de dépressions. Une végétation boréale particulière à mousses et sphaignes s’est accumulée lentement au fil des siècles en absence d’oxygène pour donner la tourbe, roche fossile combustible. Elle abrite des plantes subalpines dont certaines sont protégées comme la rossolis ou drosera à feuilles rondes, plante carnivore ou d’espèces arctiques d’intérêt patrimonial : laiche des bourbiers, airelle à petits fruits, lycopode inondé, linaigrette… Revenir sur ses pas et suivre le Tarn.

Morphologie du mont Lozère

Une magnifique vue se dévoile sur le plateau sommital du mont Lozère constitué de tors (chaos granitique enraciné en profondeur) et de dépressions à fond plats appelées alvéoles. Cette morphologie résulte de l’altération en profondeur du granite, il y a 250 Ma lors de l’aplanissement de la chaine hercynienne sous des conditions tropicales, puis il y a 20 Ma suite à l’aplanissement de la chaine pyrénéoprovençale sous climat chaud. À l’arrière se dessinent les flancs du Causse Méjean et plus au sud, apparaît le mont Aigoual. À l’intersection, suivre le sentier qui longe le Tarn. Le Tarn traverse un chaos granitique, puis le ruisseau se déverse dans un trou d’eau qui forme une piscine naturelle. Plus loin, vous arrivez à un pont sur le Tarn dont la voûte a été édifiée au XIXe siècle. Lorsque vous récupérez la piste, prenez à gauche.

Mas Camargues

Comme sur tout le plateau du mont Lozère, le domaine était conçu pour vivre en autarcie dans un climat rude, implanté au sud, à l’abri des vents du nord, à proximité de l’eau et des terres cultivables dans les dépressions. L’économie est basée sur l’élevage et les cultures, essentiellement de seigle.

Bellecoste

Le hameau présente une implantation et une architecture typique du mont Lozère en granite. Vous pouvez admirer une restauration de toit de chaume qui recouvrait les maisons de Bellecoste jusqu’au XIXe siècle. Le hameau est abandonné en 1954. Suivez la piste jusqu’au Mas de la Barque.

Pour découvrir le sentier « Glaciations quaternaires au mont Lozère… Aux sources du Tarn », procurez-vous la fiche détaillée du sentier (1  journée).

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La sortie du 24 juin 2023

Nous nous sommes retrouvés à 9 au Mas de la Barque ce matin du 24 juin pour partir explorer et comprendre la formation du relief du mont Lozère et particulièrement le rôle des glaciations qui ont affecté l’Europe entière au quaternaire, il y a plus de 20 000 ans. 

Au col de l’Aigle, la vallée de Paillère domine le paysage et présente les seules traces concrètes d’un ancien glacier au quaternaire sur le mont Lozère. Florence et Philippe Gaubert ont été repérés la veille toutes les traces d’un ancien glacier, répertoriées dans un dossier que nous a préparé Philippe Gerbier : Des moraines au niveau du hameau de Costeillades, des blocs de granite erratiques éparpillés dans la vallée schisteuse… 

Après avoir expliqué ce qu’est un glacier et comment il fonctionne, nous avons montré des photos de ces traces dans la vallée qui ne peuvent s’expliquer que par des dépôts fluvio-glaciaires entrainés par le mouvement du glacier ou le glissement de blocs sur la glace qui sont restés sur place après la fonte du glacier. Devant nous, le cirque de l’Aigle creusé par le glacier montre ses reliefs acérés et les éboulis à ces pieds.

Puis nous nous rendons au pic Cassini qui nous offre une vue magnifique vers les Cévennes et nous rejoignons un chaos granitique. Nous sommes sur le plateau du mont Lozère, marqué par l’alternance de chaos de granite (tors) et de dépressions. Ce relief résulte d’une histoire complexe d’altération qui a débuté dès 300 millions d’années, lorsque la chaine hercynienne a été érodée laissant le socle de granite et de schiste à l’affleurement et à l’altération sous des conditions équatoriales. Puis ce socle a été recouvert par une mer chaude et peu profonde où des calcaires se sont déposés jusqu’aux prémisses de la formation de la chaine Pyrénéo-provençale dès 100 millions d’années et surtout à partir de 50 millions d’années. Elle provoque une élévation de la région et son érosion qui sont à l’origine des reliefs observés aujourd’hui.

Enfin, au quaternaire, les glaciations ont intensifié l’érosion, mettant à nu les chaos de granite, formant des éboulis par gélifraction, creusant des vallées en forme de U comme aux sources du Tarn et laissant, à la déglaciation, des tourbières riches en espèces vestiges du climat glacial de cette époque. Nous admirons au loin cette vallée où prend naissance le Tarn et nous remontons jusqu’à sa source qui se trouve à la limite entre des éboulis et la tourbière.

Nous rebroussons alors chemin en suivant le Tarn jusqu’à une piscine naturelle où nous traversons la rivière et rejoignons le Mas Camargues à travers une ancienne hêtraie. En suivant un béal, nous arrivons à un moulin avec une roue verticale, ce qui est rarissime en Cévennes, puis un deuxième moulin à roue horizontale. Au Mas Camargue, nous empruntons la piste qui nous permet de rejoindre le Mas de la Barque en passant par Bellecoste. Enfin, nous arrivons au terme de 18 km à travers les paysages envoûtants du mont Lozère pour nous poser et partager un coup à boire à l’auberge du Mas de la Barque.

La géomorphologie pour tous

La géomorphologie glaciaire

Émission c'est pas sorcier - Descente au coeur des glaciers

Descente au coeur des glaciers

Émission “C’est pas sorcier”

Le recul des glaciers

Émission “C’est pas sorcier”

Les glaciations : découverte, étude, traces dans les paysages Jean-Paul LEGROS (2019)
Site consacré aux traces des glaciers dans le paysage

Éléments de bibliographie

Glaciations quaternaires du Massif central

L’englacement quaternaire du Massif central – Jean-Paul RAynal et al. 20219

Premières observations sur les formes quaternaires et actuelles des montagnes cévenoles

Jacques Mauduy – 1975

Chronologie de l’englacement de l’Aubrac au Pléistocène supérieur : apports des Nucléides Cosmogéniques
Terrestres (NCT) par Arthur Ancrenaz et al. 2020.
Paléoformes et paléoformations périglaciaires ; dynamique nivale actuelle au sommet du mont Lozère (Yvette Dewolf, 1975)

Fluctuations glaciaires au Pléistocène supérieur dans les Monts d’Aubrac (Massif central, France) : nouvelles données par Arthur Ancrenaz et al., 2020.

Les modèles d’origine périglaciaire et leur évolution récente sur les plateaux de la Margeride et le mont Lozère

 

Le faciès pétrographique du sommet du Finiels par Prost et al., 1991

Ressources géologiques pédagogiques Lithothèque
Glacier du mont-Lozère

 

La déglaciation würmienne dans le Massif Central français, le point des travaux récents – B. Etlicher et A. de Goër de Hervé (1988)

 

Tourbières des Cévennes

Dynamique et contexte passés du développement d’une tourbière méditerranéenne (Massif de l’Aigoual, France) – Marion Bottollier et al. – 2009

Les tourbières de Montals et de la Baraque dans le massif de l’Aigoual – Olivier Jupille 2001

Tourbière de la vallée du Bonheur – ZNIEFF de type I n° 3006-2042

Quelle place pour les arbres en tourbière – Jérémie Cholet – 2010

Randonnées à pied

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