L’homme de Néandertal dans les gorges du Chassezac

Néandertal mesurait en moyenne 1m60, était trapu et possédait des articulations très massives. Son crâne était aplati et développé horizontalement et il était apte physiologiquement au langage. Chasseur nomade, particulièrement bien adapté au froid, il vivait en petits groupes en exploitant son territoire. Son régime alimentaire, essentiellement carné, comprenait aussi des poissons et coquillages, des fruits, des céréales, des légumes, des champignons, des légumineuses et des fruits secs. Son abri était bien organisé, il avait sans doute des huttes qui le protégeaient de la pluie et de la neige, il portait des vêtements en peau et maîtrisait le feu. Il soignait ses malades, enterrait vraisemblablement ses morts et et il pratiquait le cannibalisme dont la signification nous est à ce jour encore inconnue. Ses outils, bien que proches de ceux des hommes modernes, étaient des pièces uniques dénotant une grande créativité. Il chassait, armé de lances en bois qu’il taillait. Il avait une sensibilité artistique (coquilles peintes, bijoux, gravures et architectures dans les grottes) mais les traces de son art sont clairement moins présentes et différentes de l’art des Homo sapiens. L’homme de Néandertal a vécu plusieurs périodes de glaciations et de réchauffements et il a réussi à s’adapter durant des millénaires en restant sur le même territoire.

Bien que faisant partie de deux espèces différentes, une hybridation a eu lieu à différentes périodes où les Homo sapiens, apparus en Afrique il y a 200-300 000 ans, sont sortis du continent, d’abord au Proche-Orient, il y a 110 000 ans, puis une deuxième fois entre 65 000 ans et 45 000 ans. En effet, la génétique indique qu’il existe 1 à 4 % d’ADN de l’homme de Néandertal chez l’homme moderne, Homo sapiens, que l’on retrouve dans toute la population mondiale, excepté celle dont tous les ancêtres sont africains. Aujourd’hui nous n’avons gardé que 40 % du génome de l’homme de Néandertal. L’évolution naturelle a éliminé 60 % de ce génome. En Europe les Homo sapiens arrivent à partir de 54 000 ans, en plusieurs vagues, et cohabitent durant plus de 10 000 ans avec l’homme de Néandertal, jusqu’il y a environ 42 000 ans. Les études des suies dans la grotte Mandrin montrent que l’intervalle de temps entre le dernier feu néandertalien et le premier feu homo sapiens est de six mois. Cette population d’Homo sapiens est venue chaque année dans la grotte durant 40 ans et connaissait toutes les ressources de silex locales, probablement grâce à la transmission de Néandertal qui connaissait l’existence et l’emplacement de ces ressources depuis des millénaires. Cette époque est marquée par une révolution culturelle caractérisée par le développement d’artisanat (parures, lames, lamelles…). Ce changement est interprété comme une évolution et une acculturation de Néandertal au contact de l’homme moderne, Homo sapiens.

Après s’être diffusés sur de larges territoires en Europe et en Asie, on ne les trouve qu’en Europe à partir de 60 000 ans, puis dans des enclaves jusqu’à disparaître totalement. Les derniers néandertaliens datent d’il y a 42 000 ans et les dernières traces de leur présence datées d’il y a 28 000 ans se trouvent dans la grotte de Gorham, à Gibraltar ou à Byzovaya, dans le cercle polaire au nord de la Russie. Certaines enclaves de néandertaliens sont restées isolées durant près 50 000 ans.

L’homme de Néandertal a côtoyé les humains modernes arrivés en Europe depuis l’Afrique entre 54 000 et 42 000 ans avant de s’éteindre. En un peu plus de 10 000 ans, il a laissé progressivement la place à l’homme moderne qui reste la seule espèce humaine sur terre. Homo sapiens a remplacé inéluctablement Néandertal. Les raisons de son extinction sont encore inconnues, mais la génétique nous indique que l’homme de Néandertal était déjà en décroissance démographique avant l’arrivée des hommes modernes. Des hypothèses sont explorées comme les différences de leur rapport au monde (les outils d’Homo sapiens sont beaucoup plus standardisés que ceux de Néandertal) ou des différences dans l’armement, telle l’utilisation de l’arc chez l’homme moderne, qui aurait donné un avantage à ce dernier pour l’accès aux ressources.

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