Les terrasses en Cévennes – Un paysage en pierres sèches (Gard – Lozère)

« Le paysage de terrasses allie le sublime et le minuscule, le vertigineux et le tactile, l’immense et le soin du détail. Chaque terrasse offre une situation différente, une multitude de cheminements, un jeu toujours nouveau avec la lumière, la surprise de découvrir ce que cachera la suivante ».
D’après Michel Pena, Un paysage d’édification de la terre, ou le point de vue du paysagiste (1997).

 
Pierres sèches – jardin – paysage
250 m – 1 heure
Saint-Germain-de-Calberte
Panneaux explicatifs à l’entrée et à la sortie du sentier qui traverse les terrasses

Accessibilité avec de bonnes chaussures

Les Calquières s’insèrent dans un système de terrasses en pierres sèches aménagé à flanc de montagne. Ce principe permet de cultiver sur des reliefs escarpés soumis aux précipitations du climat méditerranéen. Le site, encore utilisé de nos jours, renferme une partie des jardins du village.
Départ –Au village de Saint-Germain de Calberte, se garer au parking derrière l’église. À pied, remonter vers la statue de l’homme cévénol, puis prendre la route en face, direction Lou Serre de la Can. Après les lavoirs et les dernières maisons à droite, le site en terrasse des Calquières débute et s’inscrit entre deux valats formant un U. Il est possible d’emprunter une rampe sur la droite qui permet de traverser de part en part le site sur différents niveaux.
Plan du système en terrasses des Calquières. Le tracé du sentier d'interprétation est en orange.

Les jardins de Saint-Germain-de-Calberte

Les Calquières s’insèrent dans un système de terrasses en pierres sèches aménagé à flanc de montagne. Ce principe permet de cultiver sur des reliefs escarpés soumis aux précipitations du climat méditerranéen. Le site, encore utilisé de nos jours, renferme une partie des jardins du village. Il couvre une superficie de 5 hectares, entre 470 et 580 m d’altitude, sur une pente proche de 45 °. Il s’inscrit entre deux valats principaux, formant un étroit « amphithéâtre » ouvert vers l’Est.

Ces jardins, essentiellement potagers, sont exclusivement exploités à titre personnel ou familial. Les « faïsses » sont connues sur Saint-Germain-de-Calberte depuis le Moyen-Âge (XIVe siècle) et constituent, à ce titre, un patrimoine architectural et historique d’importance. De mémoire orale, celles des Calquières auraient appartenu à l’église avant d’être divisées entre tous les habitants du village à la Révolution.

Les Cévenols ont entièrement réalisé le site à la main, montant les murs, amenant la terre, la cultivant et l’enrichissant au fil du temps. Les terrasses ont été construites en pierres sèches selon des techniques qui n’ont pas changé dans le temps. Il est donc difficile de connaître leur âge.

 

La construction en pierres sèches

Les murs sont construits en pierres sèches, ainsi l’absence de liant permet l’infiltration de l’eau. Les fondations sont constituées par le sol rocheux même. Le corps du mur se monte en même temps que le remplissage, avec un fruit vers l’intérieur de la terrasse pour une meilleure résistance. Les boutisses permettent d’ancrer le mur dans le terrain et d’assurer une liaison entre le parement et le drainage. Le sommet du mur est protégé par les larges pierres, les cabucelles, posées à plat ou de chant, de forme arrondie.

Le site est protégé des eaux de ruissellement par un réseau de drainage, les « trencats », collecteurs reliés aux ruisseaux, les « valats ». Un deuxième réseau est aménagé pour l’irrigation. À partir de retenues créées près des ruisseaux jusqu’aux bassins, ce système exploite la gravité et montre toute l’ingéniosité des paysans cévenols.

La technique de constructions en pierres sèches permet un bilan écologique très favorable (absence de mortier, de sable,…) et favorise la biodiversité. Les murs emmagasinent la chaleur le jour et la restituent la nuit créant un climat favorable au jardinage et au verger.

De loin en proche

Jamais visible de près dans son ensemble, le site se découvre progressivement. Se dévoile alors un univers aux contrastes harmonieux, entre l’horizontalité et la verticalité des lignes, l’intimité du lieu et les possibilités d’échanges sociaux, la sensation d’ordre et de confusion. Par ailleurs, la caractéristique principale du lieu concerne l’intégration parfaite du paysage bâti (habitat dispersé, murs de soutènement, aménagements hydrauliques, jardins) avec l’environnement naturel.

Le site est parsemé d’aménagements divers : niches en pierre dans le mur, cabanon en pierre ou en bois, voûte clavée qui couvre les fontaines, ruches dans des troncs de châtaigniers…

Ce site est remarquable pour la culture maraîchère en raison de son exposition (sud et est essentiellement, à l’abri des vents dominants), la présence d’eau permanente, la qualité des terres et sa proximité du village.

Où manger vers Saint-Germain-de-Calberte ?

Nous nous sommes retrouvés à plus de vingt pour cette journée ensoleillée du 20 novembre sur le thème de l’eau et des terrasses en pierre sèche en Cévennes. Nous empruntons la calade qui traverse les Calquières, magnifique agencement de terrasses insérées entre deux valats pérennes, à l’abri du gel et du vent. Ce sont les jardins du village, attribués aux habitants de Saint-Germain-de-Calberte après la Révolution française. Marc Dombre, l’un des créateurs de l’association “les artisans bâtisseurs en pierre sèche” et habitant du site, nous explique la construction des murs en pierre sèche, l’importance des fondations, la fonction des clavades, l’organisation des réseaux d’eau, la signification des pierres trouées…

Et nous continuons notre découverte à travers sa propriété, le long des trencats qui acheminent l’eau protégeant ses terrasses en jardin ou cultivées en châtaigneraie. Passant devant « la caverne des trois lascars », ancienne lauzière locale, nous montons jusqu’au belvédère nous offrant une vue sur Saint-Germain-de-Calberte. Juste en contrebas, nous nous installons sur une terrasse enherbée au soleil, lieu idéal pour pique-niquer et partager le saucisson et le vin de Marc et Sébastien.

L’après-midi, nous prenons les voitures pour visiter un autre site remarquable, à un kilomètre d’ici, le béal et les moulins de la Brousarède. Philippe Cockle, propriétaire des lieux, nous accompagne et nous explique les travaux qu’il a réalisés depuis plus de 20 ans pour la restauration du site. Du pont aux admirables garde-corps en fer, nous observons en contrebas les gorges de la rivière parsemées de trous ronds ou rectangulaires qui servaient probablement à soutenir une structure en bois.

Le captage du béal se trouve 300 m en amont, le béal longe le flanc de la montagne tantôt taillé dans la roche, tantôt construit en pierre, de manière à garder une horizontalité. L’eau arrive dans la gourgue du premier moulin, grand bassin fermé par une vanne qui amène l’eau directement dans la salle des machines où se trouvait autrefois une roue horizontale à godet. Au-dessus, les meules sont encore présentes dans la salle des meules. L’eau est ensuite dirigée dans un béal qui alimente un deuxième moulin. Puis nous suivons le béal qui se poursuit à flanc de montagne sur plus d’un kilomètre, surplombant les gorges jusqu’à l’intersection des gardons, face au château de Calberte.

Le béal se poursuit encore plusieurs centaines de mètres jusqu’à une ferme dans l’autre vallée, mais nous faisons demi-tour jusqu’à rejoindre un système de terrasses incroyablement conservées. Nous remontons de terrasse en terrasse, par les escaliers, admirant le travail particulièrement soigné de ces constructions et rejoignons le sentier qui nous ramène aux voitures. Nous sommes enchantés de cette journée accompagnée de Marc et Philippe qui nous ont fait partager leurs connaissances et leur passion pour ces aménagements incroyables, fruit du savoir ancestral des cévenols.

La vidéo de Frédéric Bertho

Porte ouverte sur…Un paysage en pierres sèches

Frédéric Bertho

Frédéric Bertho

Randonneur et passionné d'Histoire depuis toujours, Frédéric Bertho n'a de cesse de rechercher, lors de ses pérégrinations, le sens de ce qu'il observe. Partant du principe que rien n'existe au hasard, il s'attache à redécouvrir l'histoire de ceux qui ont participé à la création de notre environnement actuel, et partage désormais le fruit de ses recherches sur sa chaîne YouTube "Ces portes qui donnent"...
Qui donnent vers quoi d'ailleurs ?
C'est justement là que l'aventure commence.

Éléments de bibliographie

  • Arnaud F. (2001) Murets de pierres sèches. Les terrasses cévenoles, ou la montagne aménagée. Maisons paysannes de France. 140. p27-29.
  • Favier B. (1996) Paysage de terrasses: un projet pour la communauté villageoise. Tours. D.E.S.S. 109 p + annexes + cartes hors-texte.
  • Mercier J. (1994) État des paysages de terrasses et prospectives d’avenir (Saint-Germain-de-Calberte/Lozère). Rennes 1. Mémoire de Maitrise des Sciences et Techniques. 2 volumes, texte, 68 p et planches HT et annexes 35 p.

Pour en savoir plus

Le site des Artisans bâtisseurs en pierres sèches
Les règles professionnelles pour la construction des murs en pierres sèches.

Les règles professionnelles pour la construction en pierres sèches. 

Le Guide de bonnes pratiques est le premier ouvrage national de référence technique pour la construction des murs de soutènement en pierres sèches. Il est destiné aux professionnels : artisans, architectes, ingénieurs, paysagistes…

Le Guide de bonnes pratiques est le premier ouvrage national de référence technique pour la construction des murs de soutènement en pierres sèches.

 

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Livre de référence sur la pierre sèche aux éditions Eyrolles sous la direction de Louis Cagin.

Livre de référence sur la pierre sèche aux éditions Eyrolles sous la direction de Louis Cagin.

Bibliographie

sur la pierre sèche

Étude des murs de soutènement en maçonnerie de pierres sèches.

Thèse de doctorat sur l'étude des murs de soutènement en maçonnerie de pierres sèches de Boris Villemus.

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