« La vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben

Cet article sur la vie des arbres a été écrit à partir des connaissances décrites dans le livre « La vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben. Il concerne essentiellement le fonctionnement de la forêt comme écosystème et les liens existant entre les arbres et les autres organismes vivants de la forêt (animaux, champignons, plantes, bactéries).

 

La naissance d'une forêt

L’installation d’une forêt sur un sol déserté commence par l’arrivée d’arbres pionniers. Ils ont besoin de s’installer en l’absence d’arbres, car ils détestent l’ombre. C’est le cas du tremble, peuplier, bouleau verruqueux, le saule marsault. La pousse terminale de ces arbres peut atteindre plus d’un mètre en un an. Il suffit de dix ans pour qu’une jeune forêt s’installe sur une zone de friche. Ainsi dans un deuxième temps, les hêtres peuvent profiter de leurs ombres et protections, s’installer, dépasser les pionniers, leur enlever la lumière et finalement prendre leur place.

 

Les arbres communiquent

Il existe une espèce d’acacia de la savane africaine qui devient toxique lorsque les arbres sont broutés. Ils émettent alors de l’éthylène qui informe les autres arbres du danger, ces derniers augmentent alors leur toxicité également. Ainsi, les herbivores broutent durant quelques minutes chaque arbre, en remontant le vent, avant que les feuilles ne deviennent toxiques à manger.

Les chênes, les hêtres, les sapins réagissent aussi à une agression et envoient des signaux électriques. Ils peuvent émettre des substances qui attirent les prédateurs de leurs prédateurs, telles des guêpes qui mangent des chenilles qui dévorent leurs feuilles. En cas d’attaque, les chênes peuvent envoyer des tanins amers dans leur écorce et leurs feuilles, ce qui les rend immangeables. Les saules obtiennent le même résultat en fabriquant de la salicyline.

Les arbres communiquent également par les racines et par le biais de champignons qui développent des systèmes de filaments appelés hyphes, dont la densité dans le sol est inimaginable. Toutes les espèces végétales de la forêt échangent aussi de cette manière. Les arbres fruitiers, saules et châtaigniers émettent des odeurs pour attirer les insectes permettant leur pollinisation.

 

Les arbres s'entraident

Dans une forêt naturelle, chaque arbre est utile à la communauté. Dans une forêt de hêtre, il y a un équilibre pour que chaque hêtre pousse comme son voisin. Ceux qui ont les meilleures conditions donnent à ceux qui sont mal lotis par l’intermédiaire des racines. Ainsi, une souche coupée il y a 400 ou 500 ans, peut-être maintenue vivante grâce aux arbres voisins par l’intermédiaire des racines.

 

La symbiose avec les champignons

Une cuillère à café de sol forestier contient un kilomètre de filaments de champignons. La symbiose entre un arbre et un champignon se fait sur une centaine d’années. Le champignon enveloppe les racines de l’arbre et développe un réseau de filament dans le sol alentour appelé mycélium. Les filaments sont enchevêtrés entre eux, même avec ceux associés à une autre espèce d’arbre, et forment un gigantesque réseau sous-terrain. Ce réseau capte l’eau et favorise les échanges aussi bien de nutriments que d’informations en cas d’attaque de prédateurs par exemple. L’arbre fourni au champignon jusqu’à 1/3 de ses nutriments. En contrepartie, les champignons produisent des hormones végétales qui vont réguler la croissance cellulaire de l’arbre et filtrer les métaux lourds. Le mycélium repousse toute tentative d’intrusion aussi bien de bactéries que de champignons parasites. Un arbre dispose de plusieurs options de champignons partenaires, par contre ces derniers sont plus sélectifs et s’associent généralement qu’à une seule espèce d’arbre. Dans une forêt de chênes, il peut y avoir plus de 100 espèces différentes de champignons associées aux racines d’un même arbre.

 

La forêt protège les sols

Une poignée de terre forestière contient plus d’organismes vivants qu’il n’y a d’êtres humains sur terre. Le sol est constitué d’une roche meuble où la vie est apparue sous forme de bactéries, de champignons et de végétation qui en se décomposant créés l’humus. Les arbres protègent le sol de l’érosion et créent continuellement une couche d’humus pour l’enrichir. Il faut plus de 100 ans pour reconstituer un sol forestier.

La forêt permet de limiter l’érosion (qui peut atteindre 10 000 t/km2) et le lessivage des sols par les pluies. Le sol forestier devient plus profond au fil du temps et les conditions environnementales des arbres s’améliorent. Dans le sol, les oribates, collemboles, polychètes, micro-organismes invisibles à l’œil nu sont les premiers éléments de la chaîne alimentaire. Les oribates, dont plus de 1000 espèces, ont été répertoriés sous nos latitudes, mesurent moins de 1 mm et sont des acariens qui ressemblent à de petites araignées à pattes. Ils s’alimentent des feuilles mortes, d’autres sucent le suc émis par les filaments blancs des champignons… Ils se spécialisent et permettent la décomposition de la matière végétale. Les curculionidés sont des insectes qui grignotent les feuilles et se déplacent très lentement, d’environ 10 m/an dans une vie. Leur présence indique une longue histoire forestière ininterrompue. Ces organismes sont indispensables à la constitution de l’humus dans le sol.

 

Les forêts stockent le CO2

En réalisant la photosynthèse, les arbres produisent des composés organiques qu’ils utilisent pour se développer. Ils emmagasinent jusqu’à 20 tonnes de CO2. À leur mort, du CO2 est libéré dans l’atmosphère par l’action de champignons et de bactéries, mais la plus grande partie est acquise par l’écosystème de la forêt. En effet, les éléments du tronc en décomposition sont réduits en miettes et enfouis en profondeur dans le sol. Cependant, la gestion actuelle des forêts, en éclaircissement régulièrement, fait que les espèces végétales de l’étage inférieur consomment toutes les réserves d’humus des couches profondes et les rejettent dans l’atmosphère sous forme de gaz. Ainsi au lieu de stocker le CO2 dans le sol, ce dernier est libéré aussi vite qu’il est créé. Pour que les forêts jouent leur rôle dans la lutte contre le changement climatique, il faut donc les laisser vieillir.

 

 

Une forêt change le microclimat

La vapeur d’eau rejetée par les arbres permet d’alimenter de nouveaux nuages, bien à l’intérieur des terres, dans des zones continentales généralement désertiques. Pour que ce phénomène existe, les forêts doivent être continues de la côte vers les lieux éloignés. Ce processus disparaît dès que la forêt côtière a disparu.

 

Une réserve d’eau continue

Le sol forestier recueille toutes les précipitations. L’eau amortie par les feuillages s’infiltre lentement et de plus en plus profondément avec le temps, créant ainsi des réserves d’eau pouvant être emprisonnées dans le sol des dizaines d’années. Les irrégularités dues aux périodes de pluie et de sécheresse s’estompent, et ces réserves donnent naissance à une source dont l’eau jaillit avec régularité.

 

La forêt abrite une biodiversité incroyable

Les arbres servent de logements à de nombreux animaux. Les oiseaux, les martres et les chauves-souris aiment les vieux arbres au large diamètre, car leur paroi épaisse isole de la chaleur et du froid. Les pics creusent des trous dans des arbres sains, un peu dans un premier temps, puis attendent plusieurs mois que les champignons dégradent le bois avant d’y retourner. Chaque année, ils rénovent le trou agrandi par le travail des champignons. Lorsque le trou est trop grand pour les oisillons, ils s’en vont et le laissent aux prochains habitants, des oiseaux qui ne peuvent pas creuser le bois telle la sittelle torchepot. Pour l’habiter, elle doit réduire la taille du trou d’entrée avec de la boue argileuse pour se protéger de ses prédateurs. La chouette, trop grosse, doit attendre que le trou du pic vert s’agrandisse par dégradation par les champignons. Le tronc en décomposition, le mull, est attaqué par les fourmis charpentières. Des larves de coléoptères se nourrissent du mull. Les champignons et insectes alimentent le mull en déjections. Le pique-prune reste même durant toute sa vie au pied d’un même tronc, d’où l’importance de garder de vieux arbres.

Les arbres sont le lieu d’une biodiversité incroyable. Lorsque l’arbre meurt, des milliers d’espèces de champignons et d’insectes (1/5e des espèces animales et végétales) s’installent, chacune étant spécialisée dans un stade précis de décomposition.

 

Éléments de bibliographie

Bibliographie sur les arbres et la forêt en Cévennes

Documents généraux

 

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POUR LA SCIENCE (Hors série) : La révolution végétale – De la neurobiologie des plantes à la sylvothérapie.

SELOSSE (M.A.) – Jamais seul – Ed. Acte Sud Nature – hors collection – juin 2017 – 368 p.

MANCUSO (S.) ET VIOLA (A.) – L’intelligence des plantes– Ed. Albin Michel– 2018, 240 p.

LENNE (C.) – Dans la peau d’une plante – Ed. Belin – 2014-256p.

COCCIA (E.) – La vie des plantes – Ed. Payot-Rivages 2016 192 p.

 

Documents spécialisés

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Compte-rendu du Congrès de la Société forestière de Franche-Comté à Nîmes du 5 au 10 juin 1932. — Bulletin de la Société forestière de Franche-Comté et des provinces de l’Est, t. XIX, n° 7, septembre 1932, pp. 351-460 (dont pp. 351-397 visite de l’Aigoual du 5 au matin du 8 juin).
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ROL (R). — Le Massif de l’Aigoual. Étude botanique et forestière. — Bulletin de la Société botanique de France, 80e session extraordinaire, 100, 1953, pp. 38-46.

 

Les arbres et la forêt pour tous

https://www.youtube.com/watch?v=26OiKH2Lv0c

À quoi servent nos forêts ?

Émission "C'est pas sorcier" : À quoi servent nos forêts ?

Clé de détermination des arbres

Le site de l'ONF

Une clé de détermination des arbres et de nombreux articles sur les arbres et la forêt

La hulotte

La hulotte

Guide des arbres: n°7 - Le chêne: n°22 - Comment planter un arbre: n°35 - L'épicéa: n°36/37 - L'aulne glutineux: n°51/52 - Arbre fourmilier: n°60 - Petit mystère des grands bois: n°88

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